Sur le marché du vélo de route, le choix de roues à jantes sans crochets n’a jamais été aussi vaste. Les constructeurs ayant fait ce choix vantent les mérites de légèreté et d’aérodynamique de cette technologie. Faut-il vraiment préférer les jantes sans crochets ? Faisons le point sur les différents avantages et inconvénients.
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Jantes avec ou sans crochets : quelle différence ?
Les jantes avec crochet représentent la solution la plus traditionnelle. Le principe est simple : une petite lèvre usinée à l’intérieur de la jante vient retenir mécaniquement le pneu, qu’il s’agisse d’un montage tubeless ou à chambre. Cette conception inspire confiance, car elle verrouille les flancs et limite considérablement les risques de déjanter, même sous forte pression.

Surtout, elle garantit une compatibilité presque totale avec l’ensemble des pneus du marché, un avantage décisif pour les cyclistes qui aiment varier les montages ou conserver des habitudes bien ancrées.

En revanche, cette sécurité et cette polyvalence ont un prix. La fabrication d’une jante avec crochet demande davantage de matière et de travail, ce qui entraîne un léger surpoids, souvent minime mais réel, ainsi qu’un coût supérieur pour le fabricant. De plus, son profil interne n’est pas le plus favorable à l’écoulement de l’air, ce qui en fait une solution parfois jugée moins aérodynamique par rapport aux technologies récentes.
Les jantes sans crochets (hookless) se répandent dans le peloton
À l’opposé, les jantes sans crochet, ou hookless, revendiquent la modernité. Dépourvues de cette encoche interne, elles présentent une paroi droite qui accueille directement le pneu. L’intérêt premier réside dans la légèreté : en supprimant le crochet, les fabricants économisent du matériau et allègent la roue.

Cette simplification rend également la production moins complexe, ce qui permet de proposer des modèles souvent plus accessibles. Mais l’argument le plus mis en avant concerne l’aérodynamique : le raccord entre la jante et le pneu est plus fluide, ce qui optimise la pénétration dans l’air, surtout avec les sections modernes en 28 mm et au-delà. Enfin, l’absence de crochet limite certains points de fragilité structurelle, ce qui confère à la jante une meilleure résistance aux chocs.
Hookless : une technologie qui n’est pas exempte de défauts
Néanmoins, le hookless n’est pas exempt de contraintes. Le premier frein reste la compatibilité : seuls certains pneus tubeless, clairement identifiés comme “hookless ready”, peuvent être utilisés. Impossible, par exemple, de monter un pneu à chambre classique. Autre limite, la pression : les recommandations officielles interdisent de dépasser les 5 bars en usage route. Or, si de plus en plus de cyclistes adoptent des pressions plus basses, certains restent attachés à des gonflages plus élevés, notamment pour retrouver des sensations de rendement extrême.

Enfin, et c’est le plus important, il existe un risque réel de déjanter si l’on dépasse les pressions conseillées ou si l’on monte un pneu inadapté, ce qui impose une vigilance accrue et une parfaite maîtrise du matériel. Le risque de déjanter lors d’une crevaison est important, en atteste les différentes chutes causées par les jantes sans crochets dans le peloton professionnel.
Jantes avec ou sans crochets : que choisir ?
Alors, faut-il basculer vers le hookless ou rester fidèle au crochet ? La réponse dépend avant tout du profil du cycliste. Pour celui qui cherche avant tout la polyvalence, la sécurité et la compatibilité maximale, la jante avec crochet demeure une valeur sûre. Elle rassure, elle accepte tous les pneus, et elle permet de rouler sans arrière-pensée. En revanche, pour le compétiteur en quête de performance pure, habitué aux sections larges et aux pressions modérées, le hookless apparaît comme un choix logique. Plus léger, plus aérodynamique et mieux adapté aux tendances actuelles, il incarne l’avenir vers lequel se tournent de nombreux fabricants.

Zipp, Enve, Cadex produisent des jantes carbone sans crochet. DT Swiss, de son côté, annonce vouloir conserver les jantes avec crochet sur ses roues de route, qu’elle considère comme plus sûres. Campagnolo a également équipé ses dernières Bora et Bora Ultra de crochets. Après avoir proposé une gamme complète de roues sans crochets, la marque américaine Enve a revu sa copie avec la sortie des Enve SES Pro munies de crochets.
Enfin, si vous n’êtes pas certain de vouloir passer définitivement au tubeless — qui demande un peu plus d’entretien qu’un montage avec chambre à air —, les jantes avec crochet restent le choix le plus prudent. D’autant plus que les roues plus abordables, en particulier celles équipées de jantes en aluminium, continueront majoritairement à utiliser ce standard.