Top Gear voudrait bouter les cyclistes hors des routes, pourtant l’émission a brillamment réussi à démontrer les contraintes de la circulation à vélo.
Il semble bien difficile d’aborder sereinement les questions de la circulation à vélo. Le sujet est souvent abordé sous des angles clivants ou revendicatifs, voire accusatoires, et cela qu’il s’agisse du parti des cyclistes ou des automobilistes. Les récentes annonces au sujet de contraventions adaptées aux cyclistes n’ont certainement pas contribué à apaiser le débat.
Si la plupart des gens sont familiers de la conduite d’une voiture, ce n’est pas certainement pas le cas pour le pilotage d’un vélo sur route. Hors, rares sont les reportages qui abordent les contraintes liées aux déplacements à vélo. Dans l’émission Top Gear diffusée mercredi dernier sur RMC Découverte, les deux présentateurs Jeremy Clarkson et James May ont évoqué toutes les embûches rencontrées avec ce mode de déplacement. A l’origine, le propos était pourtant de tailler un costard (un cuissard ?) aux cyclistes.
Tog Gear : grand-messe de la combustion interne au service de la cause cycliste ?
Avec 350 millions de téléspectateurs, Top Gear est l’émission automobile la plus vue dans le monde. Produit par la BBC, ce programme est un véritable show mené par trois présentateurs à l’humour très britannique et rarement consensuel. Si bien que certaines de leurs sorties (bien souvent des vannes potaches sur des sujets politiques) leur ont valu de solides inimités. Au point que le Premier ministre David Cameron a été amené à s’exprimer pour apaiser certaines tensions.
Top Gear n’aime pas : les voitures hybrides, les caravanes… et les cyclistes. Ces derniers en prennent régulièrement pour leur grade, c’est d’ailleurs très drôle si l’on goûte à l’humour de l’émission. Dans l’épisode 5 de la saison 21, Jeremy Clarkson et James May réalisent des clips de sensibilisation afin de réduire le nombre d’accidents des cyclistes. Plusieurs spots sont ainsi réalisés avant d’être proposés aux autorités londoniennes. Forcément, le résultat tient plus de la bouffonnerie que d’une sérieuse volonté de sensibilisation. L’erreur serait de les prendre au premier degré (« travaillez plus, achetez-vous une voiture »). Ces clips touchent néanmoins au vrai en ce qui concerne le respect des feux tricolores (« rouge, vert, faîtes la put… de différence »).
Pas simple d’être cycliste
Puis les animateurs enfourchent un vélo afin de mieux se rendre compte des réalités de la circulation urbaine au cœur de Londres. Dès lors, alors que les protagonistes paraissent bien ridicules faces aux épreuves rencontrées, c’est tous les aspects de la circulation à vélo qui sont abordés. La vulnérabilité face aux voitures et aux véhicules lourds comme les bus qui souffrent d’un angle mort important. Les pépins mécaniques et l’entretien de base qu’ils impliquent. Mais aussi, la question des odeurs corporelles pour ceux qui vont travailler à vélo. Carrément comique, l’utilisation de la crème pour cuissard par Jeremy Clarkson. Question équipement, les deux présentateurs sont irréprochables, au point de paraître grotesquement zélés : casques, veste haute visibilité, gants et lunettes. Bien plus vertueux que nombre de cyclistes urbains.
Tout au long de l’émission, les cyclistes prennent cher et sont dépeints tour à tour comme des oisifs, des personnalités immatures ou des irresponsables, toujours à l’aune de l’humour et du second degré. Mais dans son entreprise de faire passer les cyclistes pour des « nuisibles », les présentateurs de Top Gear ont abordé toutes les problématiques de la circulation à vélo (même s’il s’agit surtout de l’environnement urbain), de façon très concrète et dans une émission grand public.
